Biographie...
Pierre Mingand, de son vrai nom Joseph-Yves-Pierre Magnin, est né à Besançon le 2 juin 1900.
Il est le fils d’Hélène et d’Achille, la première passionnée de musique et le second doué pour la peinture dont Pierre héritera d'un certain don aussi. Ci-dessous un dessin réalisé bien plus tard, signé de son nom d'artiste Pierre Mingand, mais non daté hélas.
Pierre fut très jeune attiré par la comédie. Ceux qui le connurent lorsqu’il avait dans les 6 ans reconnaissent que déjà à cette époque, il avait de grandes dispositions et qu’il était toujours prêt à imiter les clowns qu’il avait vu au cirque où on l’emmenait quand il avait été sage. Pierre travaillera d’ailleurs plus tard pour le cirque Médrano, mais nous n’en sommes pas encore là…
Au lycée, il manifestait souvent des dons indéniables d’imitation, au détriment souvent de certains de ses professeurs dont il copiait les tics, et pour le plus grand plaisir de ses camarades. Ces imitations lui valurent bon nombre de punitions sévères de la part de certaines de ses victimes enseignantes…
Dés l’âge de 14 ans, il avait déjà mis au point un numéro comique dans lequel la chanson avait une large place, et le succès qu’il remporta le troubla.
Il aurait bien voulu, encouragé par ses amis, continuer dans cette voie là seulement ses parents voyaient cela d’un autre œil, préférant avoir un fils avec dans les mains un métier solide et une confortable situation, plutôt qu’un saltimbanque à l’avenir incertain.
Pierre entama donc des études commerciales, sans abandonner pour autant ses aspirations artistiques. Entre deux cours de mathématiques ou de droit international, il retrouvait son vieux copain André Le Bret (ancien critique cinématographique), pour diriger avec lui une société artistique appelée « Le Luth ».
Pierre disait souvent à cette époque que s’il y avait une vocation qu’il n’avait jamais eue, c’était bien celle de devenir commerçant !
Il passa avec succès ses examens, en bon élève docile, jusqu’au moment de partir pour le service militaire.
La vie de caserne, réglée comme du papier à musique et réglementée plut à Pierre, d’autant que la vie au grand air et le sport satisfaisaient ses goûts sportifs et lui permirent de poursuivre son entraînement d’athlète (qui lui servirent pour ses activités futures)…
De temps en temps, il organisait à la caserne des petites fêtes, regroupant les éléments plus ou moins « artistes » parmi ses copains de régiment.
Il ne tarda pas à devenir très populaire dans la garnison avec ses chansons, ses claquettes et ses danses excentriques ! Lorsqu’arriva le moment de partir pour l’Ecole des Moniteurs de Joinville le Pont.
Il fit là-bas un stage important durant lequel il mit son corps à rude épreuve et devint alors un véritable athlète.
Voici la photo originale
A propos d'athlétisme, on retrouve trace du jeune Pierre Magnin en 1926 au sein du Cirque Molier, fondé en 1880 par Ernest Molier, dans les articles ci-dessous, heureusement conservés par Pierre à l'époque.
Voici Pierre au programme d'un Gala Equestre Mondain de 1927 organisé par Molier, dans un numéro de danse.
Dans le programme de 1927, juste après les deux articles datés de juillet 1927, vous noterez qu'un des deux chefs d'orchestres ne vous est pas inconnu...
Ci-dessous un article paru dans Le Sport Universel Illustré du 1er juillet 1927.
Ci-dessous un article paru dans le Figaro du 3 juillet 1927.
Voici le rare programme!
C’est à Joinville le Pont que Pierre décida de faire carrière dans le milieu artistique.
L’école en question se trouvait non loin des fameux studios de cinéma, et Pierre croisait alors par hasard des comédiens drôlement maquillés (à l’époque il fallait sérieusement appuyer le maquillage pour que la pellicule saisisse toutes les expressions du visage) sans se douter qu’il n’allait pas tarder à rejoindre cette « étrange » corporation…
Une fois démobilisé, Pierre se rendait souvent dans un club privé fréquenté également par un jeune homme timide mais plein de flammes : Ray Ventura ! Du coup je ne sais pas s'ils se sont connus avant ou après l'aventure du Cirque Molier...
Ce fut le début d’une amitié avec des goûts en commun, et le début des rêves de projets de spectacles qu’ils s’efforcèrent tous les deux de concrétiser rapidement.
Leur but : constituer un orchestre suffisamment bon pour rivaliser avec ceux alors en vogue à l’époque et qui venaient souvent de l’étranger.
Les musiciens furent vite trouvés, c’est ainsi que naquirent les fameux Collégiens.
Les répétitions étaient encourageantes pour l’avenir mais il manquait quelque chose dans cette formation : une guitare ! Pierre s’y mis et devint par la même occasion Pierre Mingand. Nous sommes en 1928.
NDLR : dans certains articles, on parle aussi de piano pour Pierre, donc information à vérifier.
Pour rester en 1928, voici une rare photo de cette année-là. Pierre est à gauche. J'ignore totalement dans quelles circonstances a été prise cette photo dédicacée par Juliette L. Vaz, nom de famille que l'on retrouve dans le cadre du travail de Pierre au sein du Cirque Molier.
Il fut chargé aussi de présenter et de mettre en scène les numéros. L’orchestre fut vite adopté par le public et Pierre se vit ouvrir grand les portes du Music-Hall.
En même temps que la naissance des fameux Collégiens de Ray Ventura, les articles ci-dessous datés de 1930 prouvent que Pierre continuait de travailler pour Molier...
Parallèlement aux représentations qui avaient lieu le soir, Pierre continuait quand même dans la journée son travail de commercial.
Ci-dessous : le 5, Villa Niel
A ma connaissance Pierre vivait au 4ème étage de cet immeuble.
Il s’occupa d’abord de produits en caoutchouc manufacturés puis s'intéressa à la chimie des émaux.
C’est l’époque de l’ABC et de l’Empire, nous sommes au tout début des années 30, plus précisément en 1931!
(Pierre est le 5ème en partant de la droite)
(Pierre est au centre de la scène dans une imitation de Maurice Chevalier)
Ray Ventura et ses collégiens parcourent la France de long en large avec un immense succès. Pierre les accompagne et du coup, quitte le commerce, confiant à son père les rennes de l’affaire de représentation dont Pierre s’était occupé pendant sa période d’essai.
NDLR : j'ai consacré un dossier complet au spectacle donné à l'Empire en 1931 car j'ai récupéré un petit cahier dans lequel Pierre Mingand a soigneusement conservé tous les articles de ce spectacle, ainsi que le programme.
C’est au tour des Folies-Bergères d’accueillir Pierre jusqu'à l'été 1932. Dans cette revue où figure également Loulou Hégoburu (voir photo ci-dessous), Pierre, d'après le programme, joue dans deux sketches : "Une touche dans ce coin là" et "A l'office des spectacles" avec Jean Brochard.
Ci-dessous rarissime photo de Pierre sur la scène des Folies-Bergère dans le numéro
"A l'office des spectacles"
Accompagné de deux pianistes (Jacques Dallin et Emile Stern) pour ses vrais débuts dans le tour de chant, il part , comme c’est courant à l’époque, en tournée dans les villes d’Afrique du Nord.
C'est à cette même époque (1933), que Raoul Ploquet lui propose de faire ses premiers pas devant une caméra. Ce sera pour le film "La guerre des valses", dans lequel il interprète le rôle de Johann Strauss à 20 ans!
Performance réussie car Pierre n'étant ni violoniste ni acteur confirmé, ce n'était pas gagné d'avance!
A suivre...
Comme je l'explique dans le message d'accueil, retracer le parcours de Pierre n'est pas chose facile car il n'existe que très peu de documents sur lui. Cependant mes recherches futures m'apporteront certainement d'autres éléments que je vous communiquerai au fur et à mesure.
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Que ce soit au théatre, au cirque ou au Music-Hall, voici quelques dates illustrées qui nous permettent de suivre Pierre Mingand...
En 1935, plus exactement le 19 novembre, se joue pour la première fois au Théâtre des Bouffes-Parisiens la pièce "Trente et quarante"
Pierre Mingand y tient le rôle de Gérard
Pierre Brasseur celui de Pierre
Alice Cocéa celui de Jacline
Suzanne Dehelly celui de Nouche
René Kovel celui de Gaston le maître d'hotel
Le texte est de Jean de Letraz
La musique de Albert Willemetz
Sur des paroles de Werner Richard Heymann
En 1937, le 12 mars il retrouve l'Empire dans un programme réunissant Florelle et La Régia, juste avant le tournage de "Abus de confiance".
Grace probablement à Jacques Canetti, Pierre Mingand sera un fidèle de "Radio Cité".
En mai 1937, on lui confie une série quotidienne : "La minute de la chanson de film" série qui dure en fait non pas une minute mais quinze!
Toujours en 1937, le 29 octobre, Pierre se produit à Bobino, et le 5 novembre à l'Européen.
En février 1938, toujours à "Radio Cité" l'émission : "La parfaite ménagère".
En 1938, le 7 février, est créée au Théâtre St Georges la pièce "Barbara"
En 1938 (mai et juin) Pierre retrouve "Radio Cité" pour "Gastronomie en musique"
Le sketch "Bohême 38" de Diamant-Berger, qu'il enregistre sur disque avec Lucienne Boyer, Pauline Carton, Alibert et d'autres sera rediffusé chaque semaine de juillet à septembre 1938.
Du mois d'avril au mois de juin 1939, il présente ses chansons chaque jeudi soir à "RadioToulouse".
Après sa démobilisation en juin 1940, Pierre Mingand entame une carrière au cirque Medrano. Ci-dessous l'affiche de l'époque.
1941 (le 31 janvier), Pierre se produit à l'A.B.C. avec Jane Aubert
Du 16 au 29 mai, Pierre passe au "Théâtre de l'Etoile" avec Carette et Gina Manès dans une production de Georgius intitulée "Ceux de la caméra".
Voici une photo de Pierre en Juin 1942 dédicacée par le chanteur et professeur de chant Jean Lumière.
En 1942, Pierre part en tournée pour son tour de chant. Ci-dessous un programme de son passage en Belgique.
1944
1945
1946
Voici une photo prise à Grenoble avec de gauche à droite le compositeur Jean Delettre, Pierre, et Bourvil!
1949
Début 1950, Pierre fait partie de la tournée de Joséphine Baker. Ci-dessous l'affiche de l'époque.
En 1950, le 23 décembre, à lieu la première de l'opérette "M'sieur Nanar" au Théâtre de l'Etoile avec Bourvil et Tilda Thamar.
Pierre était un ami intime de Bourvil.
En 1951, il reprend en tournée, également en Afrique du nord, la pièce "Les vignes du Seigneur". L'affiche ci-dessous a servi justement là-bas. Au dos de cette affiche, Pierre a inscrit un mot que vous pouvez lire juste après.
1953 au Théâtre de Paris, Pierre se trouve dans la distribution de l'opérette "Une femme par jour" dont voici une partie du programme :
1955
Avec Denise Grey et Mischa Auer dans la pièce de Sauvajon
"Les enfants d'Edouard"
dont voici l'affiche et une partie du programme!
(ci-dessus en tournée avec Mischa Auer et Denise Grey)
1957, au mois de mai, il se retrouve à l'Olympia dans le même programme que Philippe Clay, Stéphane Grapelli et Billy Nencioli.
Ci-dessous une revue datée du 1er juin 1957.
Je suppose que la photo de couverture a un rapport avec un numéro de Pierre qui s'appelle "Masques". J'ai pu récupérer son dossier personnel avec la musique du numéro écrite par Gaston Lapeyronnie et 2 photos que voici.
A partir de cette date là, je pense que Pierre a abandonné le métier.
En 1963/64, il était Directeur des Ventes dans la Société Arago, filiale de radiohm à Montreuil dans le 93, Société située au 37 rue Arago.
Il épouse en 1964 Marguerite Arandel, décédée le 17 avril 2010 à l'âge de 93 ans à la maison de retraite d'Aiguillon.
En 1973, il s'installe avec elle dans une maison à Galapian, maison dont voici la photo ci-dessous.
Voici Pierre âgé chez lui, classant des photos de ses années d'artiste.
Le 19 août 1982 à Agen, Pierre décède à la clinique Esquirole et est inhumé dans le vieux cimetière classé des Chaprais.
Certes, Pierre n'a jamais eu un statut d'artiste "majeur". Cependant, sans aller jusqu'à dire qu'il était un excellent comédien, il faisait son métier avec passion et ses apparitions étaient remarquées. Physiquement, il faut reconnaitre aussi qu'il était particulièrement séduisant et gracieux et qu'il passait très bien à l'image.
J'ai découvert cet artiste il y a longtemps grace à Danielle Darrieux à qui il est très souvent associé. Je ne sais pas pourquoi mais c'est un monsieur qui m'a toujours touché.
C'est la raison pour laquelle je tenais à lui rendre hommage à travers ce blog qui j'espère se développera petit à petit et nous apprendra encore d'autres choses sur la carrière de Pierre Mingand.
Avec mon amitié, Christophe Mingand.
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